1 décembre 2013

La majestueuse Cappadoce

Le groupe des volunteers de Bilgi a eu une sacrée bonne idée en nous emmenant passer quelques jours en plein milieu de la Turquie, au cœur de la fameuse Cappadoce. Le départ était prévu à 23h le 26 octobre, c'est donc un mois plus tard que je viens raconter ce beau voyage, emmitouflée dans ma couverture  -parce que oui, même ici l'hiver arrive ! Disons que ça a au moins le mérite de me replonger dans l'ambiance de cette région si particulière, mais pas bien chaude à cette période de l'année, surtout la nuit.

La Cappadoce, c'est la grosse tâche orange au milieu de la carte
Commençons par le commencement. La Cappadoce est une région aux limites assez floues, rassemblant plusieurs provinces turques d'Anatolie centrale. On la rejoint à partir d'Istanbul en une dizaine d'heures de bus (je ne suis plus à ça près au niveau des heures de bus, maintenant). A l'origine, le nom "Cappadoce" signifie "le pays des beaux chevaux". Aujourd'hui, point de chevaux -à part les maigrichonnes montures proposées aux touristes pour une ballade au milieu des montagnes- mais des découvertes fascinantes et absolument splendides. Il faut savoir que la Cappadoce se trouve sur une grosse plaque de "tuf" (de la même famille que ce que l'on trouve à Pamukkale), une roche s'érodant facilement avec l'eau. Du coup, évidemment, des milliers d'années de pluie se sont amusées à y sculpter des formes étonnantes et de multiples vallées. Le tout forme des paysages puissants qui s'étendent à l'infini, dans lesquels se sont parfois dissimulés de petits villages.

Dans le bus, au milieu de nulle part
Quand je parlais de formes bizarres...

Certaines collines m'ont fait penser à de grandes dunes de sable, changées en pierre










La plus étonnante particularité de la Cappadoce est de posséder des "maisons" partout où on ne les attend pas. Comme je l'ai dit, la roche en Cappadoce est particulièrement malléable, ce qui a conduit les différents peuples qui l'ont habitée depuis l'Antiquité à se construire des villages dans les montagnes ou sous la terre. Absolument génial ! On se sent vite l'âme d'un Indiana Jones à explorer les petites cavités qui se succèdent, parfois plié en deux (les gens devaient vraiment être tous petits pour habiter là-dedans), ou à escalader des restes d'escaliers glissants pour monter à l'étage.
Il y a plusieurs cités souterraines dans la région : celle que nous avons visitée, Kaymaklı, est l'une des mieux restaurées et propices à la visite (mais souvent trop sombre pour pouvoir y prendre des photos). Quatre étages sont actuellement accessibles, descendant à une profondeur de 20 mètres, mais quatre autres étages existeraient encore plus bas.

 Passons au maisons troglodytes, directement creusées dans la roche des montagnes :
Plutôt pratique pour monter à l'étage
Ici le château Uçhisar (si je me souviens bien)

Au delà des habitations, ce sont aussi des églises qui ont été construites ainsi, du temps des premiers chrétiens. A ce niveau, le musée en plein air Goreme est un site fascinant : il s'agit d'une espèce de complexe monastique où l'on trouve plusieurs petites grottes-églises creusées à l'intérieur de la vallée. Les fresques qui y ont été peintes, pleines de jolies couleurs, sont vraiment très bien conservées (notamment grâce l'interdiction de les prendre en photos). Ce sont des endroits comme celui-ci qui donnent toute son âme à la Cappadoce : plus qu'un tas de cailloux, la région a aussi été l'un des berceaux du christianisme. S'en dégage alors une atmosphère un peu mystique, enchanteresse, qui donne cette impression d'être dans un de ces lieux spéciaux, uniques, qui n'existent nulle part ailleurs.


Goreme
Nous sommes aussi tombés sur de belles grottes-églises dans la vallée Ihlara, un grand canyon particulièrement connu comme lieu de randonnée (pas loin de 400 marches pour descendre tout en bas -et à remonter ensuite, bien sûr). Et cette fois-ci j'ai pu prendre en photo les peintures, que je trouve vraiment jolies.


Si plusieurs morceaux de peintures se sont effacés, on peut voir que c'est particulièrement le cas des yeux des personnages : ce n'est pas une coïncidence puisque, selon notre guide, les musulmans arrivés sur place après les chrétiens les ont volontairement grattés. Une façon de s'en prendre au christianisme, puisque l'on considérait alors que c'était à travers les yeux que l'on pouvait voir le cœur des gens. En gros, plus de yeux, plus d'existence !

Je ne pense pas que ce soit utile de donner la liste précise des endroits parcourus pendant ces trois jours : ce sont essentiellement de grandes vallées dont j'ai malheureusement oublié le nom. Sachez tout de même qu'en bons touristes, nous avons pu tester le hammam (enfin ! Le bonheur absolu de se faire masser et recouvrir d'un nuages de bulles de savon...), faire une randonnée au cœur d'une des vallées, assister à une "soirée turque" (pendant que nous étions en train de manger et boire, assis sur des espèces d'estrades formant un cercle, des danseurs et des musiciens se produisaient sur la scène centrale; l'ambiance est assez difficile à décrire, mais j'en garde un souvenir génial), et plein d'autres choses de touristes.

Visiter une poterie par exemple :



Non, nous ne sommes pas allés jusqu'à monter sur des chameaux.. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde !


Pour finir, laissez-moi vous raconter une formidable histoire qui s'est terminée à 500 mètres au dessus du sol. Tout a commencé là :


La veille de notre départ, nous arrivons devant cette vue panoramique, splendide. Un petit groupe de personnes a alors l'idée assez cool d'y revenir le lendemain à l'aube, pour pouvoir contempler le lever de soleil de ce point de vue. La proposition est séduisante, alors je me joins à eux. Sauf que d'autres décident de faire de même, et l'idée complétement folle de voir ce lever de soleil à partir d'une montgolfière émerge de je-ne-sais-où. Il faut savoir que, étant donné les sublimes paysages s'étendant à perte de vue en Cappadoce, la montgolfière y est devenue une activité touristique très fréquente et géniale pour découvrir la région autrement.
Mais moi et mon vertige, nous n'étions pas franchement très très partants. Et puis, après mûre réflexion (à base de : je n'aurai plus jamais cette opportunité de toute ma vie, et puis on est en basse saison alors ce n'est pas si cher.. c'est vrai que 120 liras, soit une cinquantaine d'euros, ça vaut le coup par rapport aux 150€ habituels), je me suis retrouvée à 4h du matin à attendre dans le hall de notre hôtel, avec une vingtaine d'autres personnes, que nos mini-bus viennent nous chercher pour nous amener jusqu'au lieu de décollage. Pour info nous avons choisi la compagnie "Ürgüp Ballons", qui est vraiment géniale : le "conducteur" était super gentil et nous expliquait ce que l'on apercevait de notre montgolfière, et puis du champagne nous attendait même à l'atterrissage !

Sur ce je vous laisse avec les photos de mon vol, sûrement plus parlantes que n'importe quel récit. En quelques mots : le silence absolu, des paysages grandioses, un lever de soleil magique. Une claque. Un souvenir inoubliable.

Quand je dis que la montgolfière est une activité très répandue.. on en voit partout, à côté, au dessus ou en dessous de nous !


2 novembre 2013

Iyi Bayramlar ! - Part 3

En Turquie, la nature a dessiné des milliers de surprises.. et Pamukkale est sans doute l'une des plus belles d'entre-elles. Mercredi matin est vite arrivé, et avec lui la découverte de ce lieu à la fois magique et splendide, exceptionnel et majestueux.
L'entrée du site
Pamukkale, c'est ce que wikipédia appelle une "tufière" : en gros, les eaux chaudes qui s'écoulent le long de la montagne à partir des différentes sources qui s'y trouvent forment une roche blanche appelée tuf calcaire. Le résultat est aussi étonnant que magnifique -d'ailleurs, le site a été inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1988.

Ayant dormi sur place, nous avons pu nous y rendre tôt et profiter du calme du petit matin avant l'arrivée en masse des touristes vers 11h !


Il est assez difficile de décrire Pamukkale, tant le lieu est unique. De loin, on pense voir une sorte de chute d'eau gelée ; mais quand on s'y aventure le sol ne glisse pas du tout, malgré l'eau qui coule en continu sur le sol qu'elle a fini par modeler, venant nous chatouiller les pieds (ou les jambes toutes entières). La roche est parfois plus pâteuse, mais toujours d'un blanc éclatant. C'est sans doute l'un des plus beaux endroits que j'ai pu voir de toute ma vie...

Pieds nus obligatoires !













Tout en haut de Pamukkale, le Graal : la "piscine de Cléopâtre" (on dit que la reine des reines s'y est baignée), une piscine thermale où l'on se baigne au milieu de vestiges antiques dans une eau à plus de 35°C, et pétillante qui plus est (comme l'impression de se baigner dans de la San Pellegrino...). On y serait restées pendant des heures !

Un coq, oui, en plein milieu du site. Normal.



Et puis il a bien fallu quitter Pamukkale pour la dernière étape de notre voyage, Fethiye. Pour tout dire, Fethiye a été notre "raté" de la semaine, pas parce que la ville est nulle ou moche (au contraire, je l'ai trouvé vraiment mignonne et agréable, et il y a beaucoup de choses à faire dans le coin), mais parce que nous n'avons pu y passer que très peu de temps. Alors que nous pensions arriver en milieu d'après-midi, notre bus s'est arrêté à l'otogar de la ville vers 18h... Le temps de déposer nos affaires à l'auberge, la nuit était déjà tombée, ruinant notre projet de découvrir Kayaköy, un village fantôme pas très loin de là (pour info, le village a été déserté de ses habitants après l'accord gréco-turc d'échange de populations de 1923 : disons qu'après la Première Guerre Mondiale, la Grèce et la Turquie ont tenté de surmonter leurs différents en faisant venir la minorité grecque de Turquie en Grèce, et la minorité turque de Grèce en Turquie, soit un déplacement forcé d'environ 2 millions de personnes. Compliqué, douloureux, et pas forcément une très grande réussite...).

Bref, nous n'avons pas pu voir grand chose, si ce n'est la vie nocturne plutôt sympa de Fethiye, et, le lendemain matin (sous la pluie !) les tombeaux lyciens qui sont soit creusés dans les parois de la montagne bordant la ville, soit installés.. au beau milieu de la rue.

Dans le bus pour Fethiye
Les fameux tombeaux 

Fethiye vu de tout en haut
Un des tombeaux en plein milieu de la route. Plutôt original comme rond-point !

Dans Fethiye...




Les mannequins les plus angoissants de la terre


Peu après, nous reprenons la route, direction Istanbul, ses bruits, ses lumières, sa vie. La fin d'un bien joli voyage, qui m'en a mis plein les yeux et ne m'a donné qu'une seule envie : recommencer ! J'ai bien envie de tenter le sud du pays au prochain semestre. Et puis les Îles aux Princes, et puis Éphèse, Edirne, et puis la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie, et puis la Cappadoce... la Cappadoce ? J'en reviens tout juste ! Je me dépêche de raconter tout ça dans le prochain article :)