17 août 2014

Au pays des fleurs

Mon deuxième semestre à Istanbul a été celui des visites. Après le séjour de ma jolie marraine, et avant l'arrivée de mes parents et de mon frère, c'est avec ma merveilleuse (et sublime, et géniale, et adorable, et...) Femme-Hélène que j'ai passé une semaine. Une semaine à manger des gaufres, prendre le vapur, boire des elma çay, prendre des photos... et fuir les averses. L'occasion aussi de comprendre l'utilité d'un guide pour piocher quelques bonnes idées et se laisser surprendre une nouvelle fois par la ville.

On peut dire que notre semaine a été placée sous le signe de la tulipe ("lale" en turc), en commençant une plongée au coeur du parc Emirgan. Il faut savoir que la tulipe est le symbole de la ville d'Istanbul : eh oui, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas en Hollande mais en Turquie que cette fleur a d'abord été cultivée. Son nom viendrait même du turc "tülbent", car la forme de la tulipe rappelle celle du turban. Fleur fétiche des sultans ottomans, la popularité de la tulipe est restée intacte à Istanbul ; si bien qu'un Festival de la tulipe y a lieu chaque année au mois d'avril. Plus de trois millions de bulbes seraient alors plantés, et je peux vous assurer qu'une bonne partie se trouve au parc Emirgan !
Totalement méconnu des touristes car éloigné du centre de la ville (si tant est qu'il existe un centre à Istanbul...), Emirgan est le lieu de sortie des familles turques dès qu'il fait beau. Il s'étend sur une colline dont les pans sont recouverts de tulipes multicolores par milliers. Les moindres détails sont soignés -les chaises ou les éclairages en forme de tulipe, par exemple ! La ballade dans ce parc est parfois un tout petit peu sinueuse, mais tellement agréable sous le soleil, au bord du Bosphore et au milieu des fleurs...










* * *

L'autre découverte de cette semaine, ce sont des points de vue splendides sur Istanbul. De la petite terrasse cachée d'un restaurant ou de celle (dépourvue de rambardes...) d'un café derrière Süleymaniye, de jour ou de nuit, Istanbul n'a jamais été aussi belle !

Sultanahmet...

... et Sainte Sophie !


Le quartier de Beyoğlu
Et pour finir sur le thème des fleurs... :)
(on ne se moque pas, ces couronnes sont hyper à la mode à Istanbul, on avait le droit de craquer nous aussi.. non ?)



13 août 2014

Back to Istanbul #2

J'ai quitté Istanbul le 13 juin dernier. Depuis, tout s'est enchainé dans un brusque tourbillon de nouveautés. Une nouvelle ville, Paris, un nouveau stage, de nouvelles connaissances, un nouvel appartement... Et déjà les préparatifs pour mon entrée en quatrième année à Rennes.
Je ne pourrais pas dire que je suis "rentrée" en France, j'ai surtout quitté la Turquie. Maintenant, Istanbul est aussi une partie de chez moi ; comme si ma maison se construisait à cheval entre différentes villes et pays.

Le retour en France est tout sauf facile, tous les étudiants erasmus pourront le confirmer. J'ai eu le coeur très lourd et les yeux un peu trop mouillés dans le taxi qui m'amenait à l'aéroport, laissant dernière moi des amis et un pays qui m'a accompagné pendant un an, qui m'a pris aux tripes et au coeur. L'effervescence des semaines qui ont suivi m'a permis de m'éloigner en douceur de ma vie stambouliote, de ne pas me morfondre sur cette rupture soudaine en m'occupant l'esprit au maximum.
Les jours sont passés, et maintenant l'envie me prend de vouloir ancrer mes souvenirs ici, de rattraper le fil de ces histoires avant qu'elles ne m'échappent complètement. Ne pas oublier, mais aussi partager. Partager cette merveilleuse année, ces merveilleux paysages et ces merveilleuses personnes. Ce deuxième semestre à Istanbul a été formidable -encore meilleur que le premier !-, et je vais maintenant tenter de le retracer autant que possible.


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Et pour commencer, l'histoire de mon sublime souvenir ramené d'Istanbul : une paire d'escarpins créées sur mesure par un fabriquant de chaussures de danse, installé au dernier étage d'un des immeubles bordant Istiklal. Il faut prendre un vieil ascenseur pour arriver dans les ateliers de ce monsieur adorable, qui accueille tout le monde avec un sourire plus grand que lui. Pas forcément habitué à travailler avec des clients étrangers, c'est souvent avec des signes (faute de vocabulaire angalis) que nous avons "discuté" des tailles, des couleurs et des matières, ce qui devait être assez drôle à voir -quoique pas vraiment rassurant sur le produit final ! Après moult péripéties, les chaussures sont aussi belles que je les imaginais ; chaque fois que je les porterai, j'aurai l'impression de fouler les pavés d'Istiklal...






Et le résultat final !


13 avril 2014

Daily life in Istanbul : Ortaköy

Par un samedi matin pluvieux, à la demande d'une professeur, je me suis rendue avec des amis à une exposition retraçant l'histoire des relations entre l'Empire Ottoman et la Pologne. Rien de bien palpitant, me direz vous. Et pourtant.

Allez, un petit souvenir du musée qui était quand même bien situé...

Le bus qui menait vers cette fameuse exposition nous a fait traverser différents endroits, dont Ortaköy. Ortaköy est un de ces quartiers qui me rappellent qu'Istanbul possède de multiples facettes, chacune me faisant tomber un peu plus amoureuse de la ville. Et en plus d'être complétement mignon, Ortaköy est aussi le royaume du kumpir (je décrirai cette étrangeté alimentaire un peu plus bas). Avec Roxanne, une amie de la fac, nous avons donc décidé de nous y rendre jeudi dernier.

On peut dire que la visite, sous le soleil cette fois, a tenu ses promesses ! Ortaköy est un petit havre de paix, qui sent bon les vacances (peut être une impression liée à mes partiels qui viennent déjà de se terminer..). Le bonheur de s'assoir un moment au bord du Bosphore et de sentir le soleil chauffer dans son dos ; ou de parcourir les rues qui s’entremêlent en partant du port, dans lesquelles les restaurants alternent avec les petites boutiques de bijoux.












Pour les visiteurs qui, comme nous, ne le savaient pas, les inscriptions en hébreu discrètement apposées sur certaines façades rappellent qu'Ortaköy est aussi un quartier historiquement habité par des juifs séfarades.


Enfin, à Ortaköy, on peut aussi (et surtout), MANGER ! En particulier des kumpirs, une spécialité turque assez étrange dont on m'avait parlé maintes et maintes fois, et que j'avais promis de tester. La légende dit qu'il est impossible de finir un kumpir, nous avons dont décidé d'en prendre un pour nous deux...
Le principe : on prend une grosse patate chaude, que l'on coupe en deux pour y glisser une noisette de beurre et un peu de fromage râpé. On mélange cela avec la chair de la pomme de terre, et on obtient la base du kumpir. Ensuite, on y ajoute simplement tout ce que l'on veut ! Les différents vendeurs de kumpirs proposent généralement les mêmes ingrédients : maïs, saucisses, champignons, chou rouge, olives.. on choisit ! Sans oublier le ketçap (ketchup) et la mayonez. C'est un peu un hamburger Mcdo personnalisé, sauf qu'à la fin, on a vraiment plus faim.

Appétissant, pas vrai ?




Pour le goûter on retrouve le même principe mais version sucrée, avec des gaufres absolument merveilleuses. Là dessus on peut mettre de la pâte à tartiner au chocolat au lait, blanc, noir, ou aux fruits, mais aussi des petites pépites de chocolat, des éclats de noisettes ou de noix, ou encore des morceaux de fruits (fraises, bananes, kiwis et j'en passe). Celle là, on l'a savouré jusqu'au bout !



Et parce qu'il n'y a jamais assez de photos d'Atatürk...
























.. ni de chiens faisant un tour dans les bras de leur maman...




... ni de cannettes de Coca...


... ni de livres !


12 avril 2014

Petit guide des mosquées stambouliotes

Ancienne capitale de l'Empire Ottoman et lieu de résidence du Calife, le chef religieux de la communauté musulmane, Istanbul a longtemps été le centre du monde islamique. En témoignent les innombrables mosquées qui y ont été construites au fil des siècles (2830 environ, mais les chiffres diffèrent d'une source à l'autre). Le moindre quartier de la ville possède la sienne : les chances sont donc minces d'échapper à la mosquée du coin de la rue et ses appels à la prière à des heures plus ou moins curieuses de la journée.

Puisque le deuxième semestre à l'université ne nous offre que peu de vacances prolongées, j'ai décidé de me concentrer sur ma ville et les beautés dont elle regorge. C'est pourquoi j'ai entrepris différents "tours des mosquées", seule ou à plusieurs. Petit guide (non-exhaustif) de la vie religieuse à Istanbul.

  • Des petites mosquées de quartiers.. aux dorures et extravagances des Grandes Mosquées

Les mosquées sont aussi nombreuses que variées : rien à voir entre la petite mosquée verte au coin de ma rue et la majestueuse mosquée Süleymaniye, dont la silhouette surplombe la rive occidentale de la Corne d'Or. Tout dépend en fait du fondateur de la-dite mosquée. Les mosquées financées par les Sultans ont des dimensions grandioses et des parures fastueuses. Sous l'Empire Ottoman, elles étaient en fait l'élément central de complexes beaucoup plus larges, les vakıfs, qui comprenaient des écoles religieuses, des hamams, des hôpitaux, ou encore des soupes populaires. 
Parmi les Grandes Mosquées on retrouve bien sûr Sultanahmet ou Ayasofia, mais Süleymaniye est tout aussi majestueuse. Elle figure aussi parmi celles que j'ai préféré visiter (ma Marraine et son ami, venus il y a peu découvrir Istanbul, seront d'accord avec moi sur ce point) . En effet, les touristes ne l'ont pas encore envahie puisqu'il faut s'enfoncer un peu dans le quartier de Beyazit pour l'atteindre. Au sommet d'une colline qui domine la ville, éloignée des bruits incessants d'Istanbul, on s'y sent apaisé, comme si le temps s'y était arrêté. L'occasion pour moi de m'assoir un peu et de profiter d'un calme précieux avant de sortir pour laisser place à la prière, à la tombée de la nuit.













La Yeni Camii (Mosquée nouvelle) est une autre de ces Grandes Mosquées. Imposante, elle trône en face de l'embarcadère d'Eminönü. J'y ai vécu un moment complètement fascinant, une sorte de récitation chantée du Coran (sans être une prière pour autant), devant un petit groupe d'hommes qui allaient et venaient, s'asseyait un moment pour écouter l'imam (enfin, je suppose que c'était l'imam) et repartaient ensuite.








Et puis.. et puis il y a les petites mosquées de quartier, comme celle qui se trouve à 200 mètres de chez moi : ici, pas de dorures ni de mosaïques travaillées. La simplicité la plus totale pour une religion dont la modestie est un des piliers.





Entre les deux, on retrouve des mosquées comme la Küçük Aya Sofya Camii (la Petite Sainte Sophie), qui est effectivement une version miniature de Sainte Sophie (quid de l'oeuf et de la poule ? Il me semble que c'est bien la petite qui a inspiré la grande). Elle fait partie de cette catégorie de mosquées qui, si elles sont richement décorées, ont conservé des proportions "humaines".




  • Petits coups de coeur 

Sans vouloir faire de discrimination entre les mosquées stambouliotes, qui ont toutes leur propre charme, j'avoue avoir quelques préférées. D'abord, et par dessus tout, la Kılıç Ali Pasha Camii : elle se trouve sur ma route pour rejoindre le tramway, et je ne peux m'empêcher de la contempler à chaque fois que je passe devant pour aller en cours. Ses nombreux dogmes sont l'une des oeuvres du célèbre architecte Mimar Sinan, père de nombreuses mosquées au XVIe siècle (dont la Mosquée Bleue).










Juste après vient la Mosquée de Sokollu Mehmet Pasa, au coeur du quartier de Fatih. Ses décorations intérieures sont absolument magnifiques, travaillées avec une minutie extrême et des couleurs sublimes.


Les photos à l'intérieur de la mosquée étant malheureusement interdites pour les visiteurs, j'ai trouvé celle-ci sur
http://www.istanbul-city.fr/guide-istanbul/mosquee/mosquee-pacha-mehmet-sokollu/ 


  • L'appel à la prière

Je vous laisse contempler les horaires des différents appels à la prière de la journée (la photo date du 23 janvier).

(et oui, il y aurait apparemment des gens qui se lèvent pour la première prière et retournent se coucher ensuite !)








  • Petits éléments de la pratique religieuse 

Le tasbih est une espèce de chapelet, utilisé pour répéter de courtes phrases à la gloire de Dieu. Et il n'est pas rare de le voir dans les mains de certaines hommes qui, dans la rue, les transports en commun ou ailleurs, font glisser du pouce de leur main droite les petites perles qui le composent. 










Je ne vais pas m'étaler sur le port du voile en Turquie (du moins, pas pour l'instant). Il est bien sûr plus important qu'en France, mais peut être moins fréquent qu'on pourrait l'imaginer. Les femmes portant le voile intégral sont également l'exception plutôt que la règle. Quelques nuances cependant : d'abord, Istanbul occupe une place particulière en Turquie puisqu'elle est beaucoup plus "occidentalisée" que le reste du pays. Ensuite, je passe la plupart de mon temps à Beyoğlu, c'est-à-dire l'Istanbul moderne, jeune ; à l'opposé de quartiers comme Fatih, plus conservateurs. Toujours est-il que pour rentrer dans une mosquée le voile est obligatoire (ainsi que d'avoir les épaules et les jambes couvertes, pour les dames comme pour les messieurs ). Pour les étourdies, des voiles sont à souvent à disposition à l'entrée des mosquées. 

A ce propos je vous renvoie à cet article très (très très) intéressant sur une perception différente du voile, comme objet de libération plus que de soumission. Parce qu'écouter les personnes concernées par la question est sûrement la première chose à faire avant de construire son opinion.

  • Un lieu de vie avant tout


Dans un pays où 95% de la population est musulmane, les mosquées figurent évidemment parmi les principaux lieux de vie de la ville. D'abord parce que la prière réunit une bonne partie des pratiquants cinq fois par jour (lors de la prière du vendredi midi, certaines mosquées sont même trop petites pour accueillir tout le monde). Ensuite, parce que n'importe qui peut s'y rendre à n'importe quel moment de la journée pour prier. Et enfin parce que le quartier s'est construit autour de sa mosquée : celle-ci est donc souvent entourée de cafés pour aller boire un çay, ou de petits commerces. Les mosquées à Istanbul sont donc de ces endroits rarement déserts, où les traditions se perpétuent tranquillement et semblent rendre la vie un peu plus douce (à condition d'avoir le sommeil lourd, du moins).